jeudi 14 mai 2015

Tornade

Auteur: Jennifer Brown
Editeur: Albin Michel
Collection: Wizz
Nombre de pages: 288 pages (mais on ne les voit pas passer)
Prix: 14,90€
Date de publication: 1er avril 2015

Résumé:
Dans le Midwest, où Jersey vit avec sa mère, son beau-père et sa petite sœur Marine, on ne sait jamais ce que la météo réserve. Le jour où sa mère et Marine disparaissent, emportées par une tornade, Jersey se retrouve seule et sans maison. Son beau-père n’a pas la force de s’occuper d’elle et son père biologique la rejette. La jeune fille échoue chez ses grands-parents maternels, qu’elle n’a jamais connus. Ballottée d’endroit en endroit, Jersey doit tenir bon, tout en apprenant des choses qu’elle ignorait sur sa mère

Mon avis:
Merci aux éditions Albin Michel Wizz pour ce très bel envoi.

C'est l'histoire de Jersey, vivant avec sa mère, sa petite soeur Marine et son beau-père dans la région d'Elizabeth (dans le Missouri aux Etats-Unis). Sa vie suit un cours plutôt normal, jusqu'à ce fameux jour où survient LA tornade. Jersey est seule chez elle lorsque le drame se déroule, sa mère et Marine participent à un cours danse et son beau-père est à son travail.
On va dans un premier temps suivre avec elle la tempête, la peur, l'angoisse, ainsi que la réalité qui est dure à admettre. Ensuite, il y a la recherche, les questions, puis vient le temps de la reconstruction.

Ce livre m'a bouleversée!! C'est assez compliqué pour moi de mettre des mots sur ce que j'ai ressenti, ce livre m'a émue, fait sourire et aussi pleurer. Pour ceux qui regardent mes vidéos et suivent mon blog depuis un petit moment, vous savez que je pleure TRES rarement lors de lectures et pourtant là j'ai pleuré.
On peut penser que l'histoire va être légèrement pathos, et pourtant pas vraiment... Jersey va essayer de se relever, d'affronter la vie, mais en même temps, une partie d'elle ne veut pas oublier, souhaite revenir à sa vie d'avant, ausculter ce passage de sa vie.
On s'attache à Jersey, à ses douleurs et à ses peines. Durant la lecture, c'est comme si nous étions nous aussi seuls, perdus au milieu d'un désastre et sans plus aucun repère! Puisque c'est sur ça aussi que joue le livre: comment faire pour continuer à avancer quand tout ce qu'on connait et que l'on s'était approprié depuis plus de 16 ans disparait du jour au lendemain et que tout est à refaire?!

Elle développe ses sentiments et on aperçoit sa peine et les difficultés qu'elle rencontre à simplement survivre, mais ce n'est pas tout, car en plus de la destruction des gens qu'elle aime et de sa maison; elle va en plus devoir rencontrer la famille de son père qu'elle n'a jamais vue. Je vous explique:
l'histoire de famille est très compliquée puisqu'elle n'a aucun souvenir de son père qui les abandonnées, sa mère et elle,  alors que Jersey était toute petite. Elle va donc devoir affronter des membres de sa famille qu'elle n'a jamais vus, et qui, à vrai dire, ne vont pas tout faire pour qu'elles se sente à l'aise... 
L'auteur apporte aussi une grande importance aux lieux et aux souvenirs qu'ils évoquent, avec la banalité rassurante de certains.

Les personnages (autres que Jersey) ne sont pas très construits, sauf la mère et la soeur qui le sont par bribes: un souvenir, une odeur, une anecdote, un objet, peuvent faire ressurgir une description passagère.

Durant ces moments que l'on pourrait comparer à des flashbacks, il y a bien sûr de la tristesse, mais surtout des regrets. C'est un autre point important du roman. Elle se sent coupable de ne pas avoir dit au revoir à Marine, de ne pas avoir su exprimer son amour à sa soeur et à sa mère. Cela fait partie des embûches de la reconstruction: "J'aurais dû.... "
D'ailleurs le "chapitre 0" est empreint de cette culpabilité qu'elle éprouve contre elle-même. Mais finalement, on serait certainement tous dans ce cas si on vivait cela: "On aurait dû..."
Par exemple, Marine adorait danser le swing de la côte Est: Jersey va pendant tout le livre s'en vouloir de ne pas l'avoir dansé avec elle.
J'ai trouvé cependant un peu dommage que ses amis qui ont pourtant une place importante dans son coeur n'en aient pas une dans le livre. En même temps on peut se dire que c'est pour mieux montrer sa solitude...
Pour finir, en plus de l'écriture directe de l'auteur, l'atmosphère générale du livre crée un aspect pesant et addictif. Pour tout vous dire, pour écrire cette chronique j'ai relu certains passages et j'ai senti l'émotion revenir en trombe et même peut-être encore plus fortement, comme une tornade!
J'avais fait de mon chagrin un objet qui n'appartenait qu'à moi. Un objet presque physique, affreux que j'emportais partout au fond de moi. Page 170 

dimanche 10 mai 2015

Le journal de Gurty

Auteur: Bertrand Santini
Editeur: Sarbacane
Collection: Pepix
Nombre de pages: 144 pages
Prix: 9€90
Date de publication: 6 mai 2015

Résumé:
« Moi, c’est Gurty (quand j’étais petite, je croyais que je m’appelais ”Arrête”, mais en fait non).
Aujourd’hui, c’était le premier jour des vacances. Gaspard et moi, on a pris le train pour la Provence. Gaspard, c’est mon humain. Il est gentil, joueur, fidèle… et quelle propreté !
En arrivant dans notre cabanon provençal, j’étais si excitée que je faisais des petits bonds, comme quand j’ai des vers. Le vestibule sentait toujours le fenouil, le salon toujours le thym, la cuisine toujours l’andouille et mon panier toujours le chien.
Voilà ! Nous étions en vacances. L’aventure et la rigoladeallaient pouvoir commencer. »
Mon avis: Tout d'abord un grand merci aux éditions Sarbacane pour leur envoi!
Lorsque j'ai reçu le mail de proposition pour recevoir ce livre, j'ai tout de suite senti qu'il pouvait me plaire... Pourtant, habituellement je suis assez réticente aux livres pour enfants: je les trouve naïfs, stéréotypés et pour tout dire assez gnangnan. Celui-là n'est rien de tout cela!

L'histoire est très simple, puisque l'on va tout simplement suivre Gurty une petite chienne qui part en vacances avec son maitre Gaspard. Le fait que notre animal-héros soit une fille change des autres livres ou dessins animés pour enfants (tel que Choupi et Doudou)...
Ils partent le 1er juillet près d'Aix-en Provence. Le livre est une sorte de journal intime du chien, qui va raconter tous les jours ce qui se passe pendant ses vacances: ses rencontres, ses aventures...
Toutefois la chronologie est assez étrange puisque l'histoire se termine un 42 juillet...

Gurty représente une fille courageuse, qui n'a peur de rien et qui a de la suite dans les idées... Elle donne une image forte de la femme qui peut être aussi combattante qu'un homme. Finalement c'est un livre assez féministe.

Le livre est rempli de jeux de mots... Mais aussi plein de phrases de vie, où la naïveté et l'instinct d'un chien peuvent faire s'éclairer une vérité. On peut y trouver des phrases telles que: "Ma queue était pliée de rire'", " à pas de louve"....

L'album est aussi très illustré, cependant même s'ils sont très agréables à regarder, les traits de crayon ne sont pas révolutionnaires et les dessins restent au rang de l'illustration, (ils ne sont pas au centre de l'histoire).
Les personnages secondaires sont aussi typés, et très drôles. Il y a Tête de Fesses, un ennemi chat, Fleur, une chienne avec des problèmes au niveau du langage et du corps (représentatifs du handicap). Même si Gurty rencontre des problèmes d'animaux (avec du poulet par exemple), ils sont souvent à éclairer avec des préoccupations plus contemporaines et humaines.  Des thèmes clé de l'enfance ressurgissent: la fugue, l'adoption (le suis-je ou pas?), le caca/pipi (et oui, aussi!)....
Il y a, et c'est certainement plus difficile à percevoir pour les plus petits, des références littéraires à Molière ou à la chèvre de M.Seguin par exemple.
Le petit plus: les quelques jeux qui sont à la fin du livre et que, j'avoue, j'ai fait avec beaucoup de plaisir!!

Ce serait comme une mini-fable contemporaine, appréciable par les plus jeunes, mais aussi par les moins jeunes!